EVS 38, la grand-messe des mobilités électriques

Non, la Suède ne se résume pas seulement à Zlatan Ibrahimovic, H&M ou Ikea… c’est aussi le berceau de l’industrie automobile avec notamment Volvo et Polestar à Göteborg. Il s’agit d’« une ville débordante d’innovation et de savoir-faire en ingénierie, et unique par sa façon d’intégrer naturellement le développement durable à ses stratégies dès le départ », présente Lutz Stiegler, directeur technique de Polestar.
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Alors, quand la ville de Göteborg reçoit la 38e édition de l’Electric Vehicle Symposium (EVS), vous savez que vous n’êtes pas dans un simple salon de l’automobile, mais dans un grand rendez-vous international où se retrouvent académiciens, experts, journalistes, constructeurs automobiles, personnalités politiques, et tous les autres acteurs majeurs gravitant autour des technologies de propulsion électrique.

« La conférence EVS est une formidable opportunité de mobiliser l’énergie de l’ensemble du secteur, en plein cœur de notre ville. C’est plaisant de voir autant d’expertise réunie en un seul lieu », souligne Lutz Stiegler.

Un évènement autour de la mobilité électrique où l’ambiance familiale règne. On se croirait presque dans un salon à la maison, avec la présence sur chaque stand de sandwichs artisanaux fraîchement faits, des machines à café des plus élaborées — on ne plaisante pas avec le café en Scandinavie — aux côtés de roulés à la cannelle typiques. Une façon délicate mais attentionnée de s’assurer que vous vous sentez bien. Les Suédois appellent cela « Fika ».

Dans les allées du salon, vous croiserez de nombreux universitaires et doctorants férus de mécanique.

Des étudiants de l’université de Chalmers présentent Freja, une « Formula Student », au gabarit de karting mais au look d’une petite F1 avec une carrosserie majoritairement en carbone. Freja embarque une batterie de 80 kWh et un moteur individuel dans chaque roue. Sa particularité : elle est équipée d’un LiDAR, ce qui lui confère cette capacité surréaliste de conduite autonome. Elle a ainsi remporté la Formula Student Germany en 2023.

Chaque année, les étudiants ont pour défi de créer une nouvelle voiture, toujours autonome et encore plus rapide. C’est le cas de Svea, plus légère, à l’allure plus allongée et moins large pour améliorer son aérodynamisme.

À côté, une autre curiosité au look de vaisseau spatial recouverte de panneaux solaires : la Chalmers Solar Team Car, présentée par une équipe d’étudiants ingénieurs en mécanique qui participera à la Bridgestone World Solar Challenge en Australie.

Du côté du stand suédois, des initiatives singulières : comme ce deux-roues du futur aux formes rappelant un origami cubiste. Il s’agit de la Stilfold 1, un deux-roues entièrement électrique, conçu pour minimiser les déchets et l’impact environnemental. Il est fabriqué en Suède par Jonas Nyvang et son équipe à Stockholm.


Des confessions électriques

À l’étage, c’est l’endroit idéal pour échanger, apprendre ou perfectionner ses connaissances sur les véhicules électriques. Les interventions sont bien ficelées, et les animateurs savent captiver l’attention. Notamment la conférence Confessions of an EV Charger Manufacturer, animée par John Wastring et Daniel Gwercher, l’un Suédois, l’autre Allemand. À la manière d’un duo comique, ils mettent en scène leurs confessions à travers une présentation « anti-keynote ».

« On vous rassure, on n’est pas là pour vous vendre quelque chose », lancent-ils. Le ton est donné. Ils expliquent que, même si leurs missions sont similaires, les obstacles diffèrent en raison des législations nationales. L’Allemagne, par exemple, se distingue par sa complexité « certifiée bureaucratique », ironise Daniel.

Ils s’emploient à démystifier certaines idées reçues et dénoncent quelques études biaisées. Selon eux, la Suède a atteint un record avec 400 000 véhicules électriques à batteries, mais cela ne représente que 8 % du parc automobile total. Et l’angoisse liée à la recharge persiste.

Le duo avance une hypothèse : « Avoir un chargeur à la maison est le nerf de la guerre. » Un geste qui pourrait « créer une communauté et engager davantage » dans la transition.

« Fabriquer les chargeurs, c’est facile. Ce qui rend insomniaque, c’est tout le reste. »
« Un continent, mais 19 maux de tête… »

Ils concluent qu’il faut « rester humble dans cette aventure qui exige une adaptation permanente ». Parfois pionniers, parfois électriciens perdus dans trop d’interfaces logicielles, ils reconnaissent que la mobilité électrique est encore dans ses balbutiements.

Rejoints sur scène par Emanuella Wallin, responsable produit pour la recharge et l’énergie chez Polestar, ils abordent un sujet clé : la recharge bidirectionnelle. Avec le V2G (Vehicle to Grid) et le V2H (Vehicle to Home), Polestar propose un système de recharge intelligente désormais compatible avec Zaptec, Easee et Wallbox. Il permet des économies en connectant des panneaux solaires et en programmant les charges à des moments avantageux.

« On pense au client, pour qu’il ait le moins de soucis possibles : comment trouver un chargeur, comment l’utiliser. On a mis en place une application donnant accès à un réseau de plus de 900 000 bornes en Europe », détaille Emanuella.

La batterie stationnée devient ainsi une plus-value, « un bénéfice énorme pour la société, d’une valeur différente pour chacun, et pas seulement financière », insiste-t-elle.

Stefan, pionnier des essais de véhicules électriques à Göteborg en 1991, se dit impressionné par les progrès accomplis en 30 ans.

Patrik Andersson, directeur général de Business Region Göteborg et coorganisateur de l’EVS38, se félicite d’avoir « pu offrir ce point de rencontre à un moment crucial de la transition vers une mobilité durable ». Il vante la recharge sans fil, l’intégration véhicule-réseau, le transport fluvial électrique, et bien plus encore.


Camions, batteries et électrons turcs

Sur le stand de Vestel, géant turc de l’électronique, on découvre des batteries domestiques capables de stocker l’énergie solaire. Avec des capacités de 10 à 15 kWh, elles peuvent aussi servir de secours en cas de panne de courant.

Les Français ne sont pas absents, avec EasyCharge, filiale de Vinci, qui installe des stations de recharge pour des opérateurs comme Ionity, Engie Vianeo ou Plénitude.

Le salon accorde une large place aux camions. Power Electronics présente une recharge par norme MCS (Mégawatt Charging System), bientôt adoptée, permettant de charger un poids lourd en moins d’une heure pour 300 km d’autonomie.

Sur le stand Mercedes, l’EActros 600 promet 500 km d’autonomie grâce à une batterie de 600 kWh et son essieu électrique intégré. Il est compatible avec une préparation retrofit pour MCS.

Sur le stand CharIN, on retrouve le Scania 45S A4x2nb. L’association milite pour des normes de recharge universelles, y compris dans les secteurs aéronautique, maritime et minier. « Tout en restant simples pour l’utilisateur », précise Annika Vüllers.

Et côté innovations européennes ?

Rencontre avec Philippe Chain, cofondateur de Verkor, fabricant français de cellules de batteries. Verkor ouvrira fin 2025 une gigafactory à Dunkerque (16 GWh/an), soit l’équivalent de 200 000 véhicules. Premier client : Renault, pour l’Alpine A390.

Autre acteur suédois : RiSE (Research Institutes of Sweden), avec ses 3 300 experts. L’institut dispose de laboratoires de tests extrêmes pour batteries à Borås, avec une architecture durable et des conditions écoresponsables.

En bonus : essais et gadgets

Sur le stand Polestar, la Polestar 4 attire les regards. Ceintures jaunes Swedish Gold, habitacle insonorisé, sièges inclinables à l’arrière, design épuré et sportif. Le SUV coupé sans lunette arrière utilise une caméra connectée au rétroviseur central pour agrandir l’espace perçu.

Autre originalité : la petite « Evig » de Clean Motion. Un tricycle solaire de livraison testé par La Poste à Nantes. Avec une batterie de 10 kWh, une autonomie de 100 km, et une vitesse de 60 km/h, il affiche un coffre de 2 500 litres.


Nostalgie sonore

Enfin, Kenneth Palmestål, fondateur de Sound Racer, propose des modules sonores AVAS pour véhicules électriques. Le module EVS31 intègre jusqu’à huit sons de moteurs : Shelby V8, Lamborghini V10, Ferrari V12… même une locomotive à vapeur. Ces sons évoluent avec la vitesse et incluent des bruitages de changement de rapports.

Un modèle réduit, le Sound Racer X, transforme même votre voiture thermique en simulateur acoustique via la prise allume-cigare.

Il équipe des bus Solaris en Pologne, Ikarus en Hongrie, l’Opel Corsa Electric Rally, et… la Rimac Nevera. Oui, la supercar de 1 914 ch, 0 à 100 km/h en 1,74 s, 412 km/h de vitesse de pointe. Rien que ça.

Conclusion:

Et après ?

En sortant, direction le parc Liseberg pour une session de montagnes russes sur Helix : sept loopings, 4,3 G, vue sur le parc… Une expérience aussi intense que l’évolution de la mobilité électrique.

Rendez-vous l’an prochain à Long Beach pour l’EVS 39. Il y a aussi des montagnes russes là-bas. Mais beaucoup moins scandinaves.


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